Les pèlerins d'Emmaüs à la lumière de Rembrandt

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Comment le peintre illumine-t-il la marche des pèlerins d'Emmaüs ? Comment son tableau nous aide-t-il à mieux comprendre le rôle joué par les disciples ?

4 minutes et 28 secondes avec les pèlerins d'Emmaüs, Jean Guitton et l'abbé Pierre
Dernière mise à jour -  
4/7/2022

L'abbé Pierre, ce pèlerin d'Emmaüs 2.0

abbé pierre lunettes barbe photo vieux

En 1949, l’abbé Pierre fondait une auberge de jeunesse qu’il nomma Emmaüs, en référence à l'une des dernières scènes de l’Évangile selon Luc. Ce fut l’acte fondateur des associations Emmaüs qui firent de l’abbé Pierre, l’homme préféré des Français devant Zidane, Goldman ou Noah pendant de nombreuses années.

Le texte biblique qui raconte les pèlerins d'Emmaüs

Juste avant, nous marchions avec les deux disciples et Jésus incognito, jusqu’à Emmaüs. Voici la fin de ce récit.

Ils approchèrent du village où ils se rendaient, et lui feignit d'aller plus loin. Mais ils le pressèrent, en disant :

— Reste avec nous, car le soir vient et déjà le jour a décliné.

Et il entra pour rester avec eux.

Il advint que, comme il était à table avec eux, il prit le pain, dit la bénédiction puis le rompit, il le leur donnait.

Et leurs yeux s’ouvrirent et ils le reconnurent puis il disparut à leurs yeux.

Et ils se dirent l’un à l’autre :

— Notre cœur n’était-il pas brûlant en nous tandis qu'il nous parlait en chemin et nous ouvrait les Écritures ?

Chapitre 24, versets 28 à 32 de l’Évangile selon Luc dans le Nouveau Testament. Traduit par les équipes de notre programme de recherches La Bible en ses traditions.

Analyse du tableau de Rembrandt représentant les pélerins d'Emmaüs

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Rembrandt (1606-1669), Les pèlerins d’Emmaüs (huile sur panneau, 1629) Musée Jacquemart-André, Paris, France.

Allumez le feu ! Ou juste une bougie

Mais c’est surtout le jeu de l’obscurité et de la lumière qui est fascinant. On ne voit pas d’où provient la source de la lumière entre les deux personnes attablées.

  • La première hypothèse consisterait à placer cette source de lumière (une bougie ?) sur la table. Elle serait simplement cachée par la silhouette de profil qui se détache en contre-jour et dont on ne perçoit pas les traits.

Chez PRIXM, on préfère une autre interprétation :

  • Selon cette seconde hypothèse, la lumière ne vient pas d'une possible bougie posée sur la table, mais du personnage au premier plan lui-même.
Jésus profil lumiere sombre tableau Rembrandt
Rembrandt (1606-1669), Les pèlerins d’Emmaüs (huile sur panneau, 1629) détail Musée Jacquemart-André, Paris, France.

C'est assez génial !

En cachant au spectateur ce visage source de lumière, le peintre l’oblige à le découvrir à travers les yeux de l'autre personnage de son tableau, qui lui le voit, de l'autre côté de la table.

Nous, nous ne voyons pas ce visage lumineux, nous n’en voyons que le profil qui reste dans la pénombre. Mais comment ne pas être frappé par l'expression stupéfaite de celui qui voit ce visage lumineux ?

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Rembrandt (1606-1669), Les pèlerins d’Emmaüs (huile sur panneau, 1629) détail Musée Jacquemart-André, Paris, France.

La valse des pèlerins d'Emmaüs

Par sa mise en scène, Rembrandt initie le spectateur à la dynamique même de la Tradition.

C'est en trois temps, comme une valse :

  • Le Christ a montré son visage à un homme
  • Cet homme a témoigné de sa sidération
  • Et on a fait de cette scène une histoire (et même, ici, un tableau).

Le lecteur de cette histoire ou le spectateur de ce tableau n’a donc accès à la source de lumière de ce récit, à ce visage lumineux, qu’à travers le fil qui les relie. Ce lien, ce fil, cet accès : voilà ce qu'est la Tradition !

En résumé, cet enchaînement de témoignages a donné un évangile, puis un tableau de Rembrandt, puis cet article PRIXM

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Le mot de la fin

« Je suis [...] porté à croire que ces doutes des premiers témoins de la Résurrection sont des données originelles. Je ne vois pas quel intérêt auraient eu les rédacteurs de ces récits d’inventer ces doutes. S’ils avaient voulu travailler à la foi de ces premières communautés si ferventes, il aurait beaucoup mieux valu inventer des apparitions plus claires et plus démonstratives. Les Juifs n’avaient pas de peine à puiser dans leur tradition prophétique et apocalyptique des exemples de vision ne laissant place à aucune impression dubitative. Et lorsqu’on croyait à la divinité du Sauveur, c’était lui faire une sorte d’injure que d’imaginer qu’il s’était présenté à ses premiers témoins sous des formes donnant place à un doute. »

Jean Guitton, Le problème de Jésus. Divinité et résurrection, Paris : Aubier, 1953.

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