Jésus sauve et pardonne la femme adultère

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En quoi la femme adultère est-elle réduite à son péché dans cette scène ? Quelle est l'attitude de Jésus face à cette femme ? Comment la miséricorde du Christ se manifeste-t-elle ?

03 minutes et 39 secondes avec Lauren Daigle, Mironov, Titien et Michel Henry
Dernière mise à jour -  
24/11/2023

L'histoire d'une rédemption en douceur et en musique

L’histoire de la rencontre entre la femme adultère et Jésus, c’est une histoire de rédemption. Et en écoutant la voix vibrante et pleine d'émotion de la chanteuse américaine Lauren Daigle dans son titre You Say, on y a vu un moyen d’aborder le texte biblique tout en délicatesse et en douceur. On vous donne directement la traduction :

Tu dis que je suis aimée quand je ne peux rien ressentir / Tu dis que je suis forte quand je pense que je suis faible / Tu dis que je suis retenue quand je tombe / La seule chose qui compte maintenant, c'est tout ce que tu penses de moi / En toi je trouve ma valeur, en toi je découvre qui je suis.

Mieux ! À bien écouter les paroles, on pourrait presque les attribuer à la femme de l’épisode biblique : Jésus lui tend la main, lui sauve la vie, lui pardonne et lui redonne une identité personnelle, comme on le montre dans l’Éclairage qui suit !

Le texte biblique qui raconte comment Jésus sauve et pardonne la femme adultère

L'épisode qui suit intervient au cours de la vie publique de Jésus. Il est ici à Jérusalem.

[Jésus] s’en alla sur le Mont des Oliviers. À l'aube, il se présenta de nouveau dans le Temple. Et tout le peuple venait à lui. Et, s’étant assis, il les enseignait.

Mais les scribes et les pharisiens lui amènent une femme surprise en [flagrant délit d']adultère. Ils la firent se tenir au milieu. Il disent à Jésus :
— Maître, cette femme a été surprise en flagrant délit d’adultère. Or, dans la Loi, Moïse nous a ordonné de lapider celles-là. Toi, donc, que dis-tu ?

Or ils disaient cela pour l'éprouver afin d'avoir de quoi l’accuser. Mais Jésus, s’étant baissé, écrivait de son doigt sur la terre, sans y faire attention.

Comme ils persistaient à l’interroger, il se redressa et leur dit :
— Que celui de vous qui est sans péché lui jette le premier une pierre. Et de nouveau, se baissant, il écrivait sur le sol.

Entendant, ils se retirèrent un par un, en commençant par les plus vieux jusqu’aux derniers. Et Jésus resta seul, ainsi que la femme debout au milieu.

Se redressant, Jésus lui dit :
— Femme, où sont-ils ? Personne ne t’a condamnée ?

Elle dit :
— Personne, Seigneur.

Et Jésus dit :
— Je ne te condamne pas non plus. Va, et désormais ne pèche plus.

Évangile selon saint Jean, chapitre 8, verset 1 à 11. Traduit du texte grec de la tradition byzantine par les équipes du programme de recherches La Bible en ses Traditions.

L'attitude et la réaction de Jésus face à la femme adultère

Andreï Mironov (1975-...) Le Christ et la pécheresse (2011, huile sur toile, 40 x 70 cm), collection personnelle (Russie).

La femme assimilée à son péché

Comme on l'annonçait la semaine dernière, cet épisode de l'évangile est tellement dense qu'on a préféré réaliser plusieurs numéros. Aujourd'hui, on s'attarde sur le personnage de la femme adultère, et sur l'attitude de Jésus.

Au cours de cette scène, tout est fait pour réduire la femme à un objet :

  • Spatialement, elle est traînée au centre, entourée d'ennemis, réduite et vulnérable, comme une chose : « Surprise en flagrant délit d’adultère, ils la placèrent au milieu d’eux » (Jn 8,3).
  • Symboliquement, on la classe autoritairement dans une catégorie maudite : « Moïse nous a prescrit de lapider ces femmes-là » (Jn 8,5).

La femme adultère que l’on amène à Jésus semble réduite à n’être rien d’autre que son péché :

  • Elle n’a même pas de nom. Elle est une personne indéfinie, et n'est caractérisée que par son adultère.
  • Elle n’a même pas droit à la parole pour se défendre, car elle est déjà condamnée par le flagrant délit.
Eero Järnefelt (1863-1937), Jésus et la femme adultère (1908, huile sur toile), église Saint-Pierre, Lieto (Finlande). Domaine public.

L'attitude de Jésus : un regard de miséricorde

« Maître, cette femme a été surprise en flagrant délit d’adultère. Or, dans la Loi, Moïse nous a ordonné de lapider celles-là. Toi, donc, que dis-tu ? »
Or ils disaient cela pour l'éprouver afin d'avoir de quoi l’accuser. Mais Jésus, s’étant baissé, écrivait de son doigt sur la terre, sans y faire attention. (Jn 8, 4-6)

Tandis que cette femme est accusée avec violence... Jésus baisse les yeux et écrit sur le sable. D'ailleurs, on ne sait pas ce que Jésus écrit sur le sol.

Mais, indépendamment du contenu même de ce que Jésus trace du doigt sur le sol, il semble indiquer un détachement, un retrait souverain à l’égard de la vindicte populaire qui habite la foule unanime dressée contre cette femme adultère.

Au cours de la scène, le contraste est flagrant entre deux types d’attitude :

  • Les regards avides et curieux qui se posent sur la femme et sur Jésus pour savoir comment il se va sortir de ce mauvais pas,
  • La discrétion et la délicatesse de Jésus qui baisse les yeux par deux fois pour écrire sur le sol (Jn 8,6 et Jn 8,8).

Face aux regards méprisants de la populace qui condamne cette femme, les yeux baissés de Jésus sont le geste le plus fin et le plus respectueux que l’on puisse témoigner à ce moment-là à cette femme.

Henryk Siemiradzki (1843–1902), Le Christ et la femme adultère (1875, huile sur toile, 350 x 550 cm), Russian Museum, Saint-Pétersbourg (Russie). Domaine public.

La délicatesse et le pardon du Christ

Enfin, Jésus se redresse. Dans ce mouvement du Christ s’adressant à la femme, deux éléments sont particulièrement remarquables :

  • Pour la première fois dans la scène, quelqu’un s’adresse à la femme !
  • Pour la première fois, on lui accorde le droit de dire quelque chose !

En outre, Jésus lui pose non pas une mais deux questions et l’invite à parler :

« – Femme, où sont-ils ? Personne ne t’a condamnée ?
– Personne, Seigneur » (Jn 8, 10-11)

La phrase de Jésus n’est pas dénuée d’humour... Et elle est plus que bienvenue après la séquence dramatique tout juste passée. Jésus renverse la situation : l'accusée doit se prononcer sur ses juges.

La tension était à son comble, et Jésus coupe court à cette tension d'un trait d’esprit bien placé. En lui rappelant avec humour que personne n’était en l’état de la condamner, Jésus lui fait comprendre qu’elle n’est peut-être pas meilleure que les autres, mais pas pire non plus. Cependant, il la responsabilise : « Va, ne pèche plus ! »

En une phrase, la voilà pardonnée, réintégrée dans la communauté.

Titien (1490-1576), Le Christ et la femme adultère (1512-1515), (couleur sur toile, 82,5 x 136,5 cm), Musée d'Histoire de l'Art de Vienne (Autriche). Domaine public.

Le mot de la fin

Le philosophe français Michel Henry analyse ce passage comme l’expression éclatante de l’autorité du Christ, miséricordieuse et rédemptrice :

« Où sont-ils ? Personne... Devant le vide laissé par cette retraite, qui ne signifie rien de moins que la débâcle de leur prétendu savoir et, avec elle, celle de la Loi, une sorte de transfiguration se produit. La figure du Christ s'auréole d'un pouvoir qu'aucun homme ne détient. »

Michel Henry (1922-2002), Paroles du Christ, Paris : Seuil, 2002 ; p. 78

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