Marie-Madeleine est une proche de Jésus. Mais que dit la Bible sur leur relation ? Dans Da Vinci Code, elle est présentée comme sa femme, est-ce vrai ? Que nous dit la polémique sur la spécificité des 4 Évangiles du canon chrétien ?
Dans Da Vinci Code, Marie-Madeleine est présentée comme la femme de Jésus et la fondatrice d’une dynastie cachée… Découvrez, dans l’Éclairage, la réponse et réplique que nous donnerions à l’auteur Dan Brown !
Marie-Madeleine joue un rôle important dans l'Évangile. Elle fait partie des intimes de Jésus. Premier témoin de la résurrection de Jésus, elle est même vénérée comme « apôtre des apôtres » dans la Tradition — ce n'est pas un mince compliment dans une structure largement dominée par les hommes !
Après cela les disciples s’en retournèrent chez eux. Marie cependant restait dehors devant le tombeau, à pleurer. Tout en pleurant, elle se baissa pour regarder à l’intérieur. Elle distingue alors deux anges vêtus de blanc, assis l’un du côté de la tête, l’autre du côté des pieds, là où le corps de Jésus avait été posé. Ils lui disent :
— Femme, qu’as-tu à pleurer ?
Elle leur répond :
— C’est parce qu’on a enlevé mon Seigneur, et je ne sais où on l’a mis.
Sur ces mots, elle se retourne et voit Jésus devant elle, sans savoir que c’était lui. Jésus lui dit :
— Femme, que pleures-tu ? Qui cherches-tu ?
Marie, le prenant pour le jardinier, lui répond :
— Seigneur, si c’est toi qui l’a pris, dis-moi où tu l’as mis, que j’aille le reprendre moi-même.
Jésus lui dit :
— Marie !
Elle se retourne alors et lui dit :
— Rabbouni (ce qui veut dire Maître) !
Jésus lui répond :
— Lâche-moi : je ne suis pas encore monté jusqu’au Père. Va plutôt vers mes frères et dis-leur : Je vais monter vers mon Père et votre Père, vers mon Dieu et votre Dieu.
Marie de Magdala vient annoncer aux disciples :
— J’ai vu le Seigneur !
et les paroles qu’il venait de lui dire.
En 1945, des paysans égyptiens du village de Nag Hammadi découvrent un ensemble de manuscrits connus depuis sous le nom de « Bibliothèque de Nag Hammadi ».
Parmi ces ouvrages, un récit attira l’attention des chercheurs, qui le nommèrent « évangile de Philippe ». Le texte donnait une nouvelle version de la vie de Jésus, et notamment de sa relation avec Marie-Madeleine. Jésus l’aurait aimée comme sa compagne « plus que [tous] les disciples » et « l’embrassait sur la [bouche sou]vent. »
Sur le papier, cette découverte est un bon scoop.
Dans les 4 Évangiles du « canon » du Nouveau Testament (la liste des livres qui font partie du Nouveau Testament selon l'Église), Marie-Madeleine a une évidente proximité amicale avec le Christ. En revanche, ils ne parlent jamais d’une relation amoureuse.
À titre de comparaison :
Lisant le Nouveau Testament avec des préjugés anti-institutionnels, en appliquant la théorie du complot aux origines chrétiennes, quelques auteurs ont cru pouvoir se servir de l'évangile de Philippe pour mettre en lumière une vérité qui aurait été dissimulée depuis toujours.
Si la valeur historique de l’évangile de Philippe paraît douteuse, qu’en est-il des 4 Évangiles du Nouveau Testament ? Le fait d’avoir un Nouveau Testament semble une évidence. Or cette collection de différents livres, comment a-t-elle été constituée ?
Très tôt, une liste des textes du Nouveau Testament se fige. Vers 150, le philosophe chrétien Justin de Rome atteste explicitement qu’il y a 4 (quatre) Évangiles.
Vers 170 une liste romaine appelée Fragment de Muratori continue la liste. Deux siècles plus tard, le patriarche d’Alexandrie, Athanase confirme la liste des livres dans son message de Pâques en 367.
Il y a trois critères pour qu’un texte fasse partie du Nouveau Testament :
Ce débat autour de Marie-Madeleine et Jésus occulte le miracle de leur amitié : Dieu-fait-homme se lie d'amitié avec une femme ! Les sentiments du personnage principal de La pitié dangereuse de Zweig auraient bien pu être ceux de Marie-Madeleine, que Jésus appelait par son prénom :
« Cette appellation m’émut. Il savait pourtant combien j’avais été faible et lâche, et malgré cela il ne me méprisait pas. Ce nom d’ami venant d’un homme d’expérience, d’un aîné, affermissait mon courage. »
Stefan Zweig, La pitié dangereuse ; Francfort : S. Fischer Verlag, 1939
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