Découvrez l’histoire du retour à la vie de la fille de Jaïre ! Que fait Jésus ? Que signifie ce miracle ?
Dans le morceau Wake Up sorti il y a quelques mois, le groupe Imagine Dragons incite à sortir de la torpeur pour entrer dans l'action !
Everybody's comin' for you, wake up / Everybody's comin', wake up
Dans un célèbre passage de l'évangile de Marc, Jésus lui aussi dit "Wake Up" à quelqu'un ! Alors on éteint le réveil, on borde son lit, on découvre ce texte et c'est parti !!
Après avoir exorcisé un homme au pays des Gadaréniens, l'actuelle Jordanie, Jésus repart à Capharnaüm et fait non pas une mais deux rencontres…
Et, Jésus ayant traversé dans la barque de nouveau vers l’autre rive, une foule nombreuse s’assembla autour de lui et il était au bord de la mer.
Et voici, vient un des chefs de synagogue, du nom de Jaïre. En voyant Jésus, il tombe à ses pieds.
Et il le prie instamment, disant :
— Ma petite fille est à l’extrémité, viens, impose tes mains sur elle afin qu’elle soit sauvée et elle vivra.
Et il s’en alla avec lui, et une foule nombreuse le suivait, qui le pressait de tous côtés. [...]
Alors qu’il parlait encore, viennent de chez le chef de synagogue des gens, disant :
— Ta fille est morte, pourquoi tourmentes-tu encore le maître ?
Mais Jésus, ayant aussitôt entendu la parole qui venait d’être prononcée, dit au chef de synagogue : 
— Ne crains pas, crois seulement.
Et il ne laissa personne l’accompagner, si ce n’est Pierre, Jacques et Jean le frère de Jacques. Et il arrive à la maison du chef de synagogue et il voit du tumulte, des gens qui pleurent et poussent de grands cris.
Et une fois entré, il leur dit :
— Pourquoi faites-vous ce tumulte et pleurez-vous ? L’enfant n’est pas morte mais elle dort.
Et ils se moquaient de lui. Mais les ayant tous chassés, il prend avec lui le père de l’enfant et la mère et ceux qui étaient avec lui et il entre là où était couchée l’enfant.
Et, ayant pris la main de l’enfant, il lui dit :
— Talitha qoumi (ce qui est traduit : Jeune fille, je te dis, réveille-toi) !
Et aussitôt la jeune fille se leva et elle marchait, elle avait en effet douze ans, et aussitôt ils furent frappés d’une grande stupeur. Et il leur ordonna expressément que personne ne le sût et il dit de lui donner à manger.
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Jésus se dirige vers la maison de Jaïre pour rencontrer sa fille gravement malade…et en chemin, il rencontre une femme, elle aussi malade.
Il y a donc deux femmes malades : la fille de Jaïre et une inconnue. Mais quel est l'intérêt de ces deux récits parallèles ? Quel est le rapport entre ces deux femmes ?
1) Dans les deux cas, il est question du toucher de Jésus !
2) Dans les deux cas, il est question de foi et de salut : le contact opère en eux une guérison. La guérison n’est pas de l’initiative de Jésus, elle est demandée par Jaïre pour sa fille ; par la femme hémorroïsse pour elle-même.
3) Dans les deux cas, il est question d’une période de 12 ans :
Ce parallèle flagrant nous indique donc que ces deux femmes sont liées… et on devine donc que les deux miracles aussi sont liés. Mais dans le cas de la fille de Jaïre, le miracle va encore plus loin : ce n'est pas une guérison mais un retour à la vie.

Dans un autre article, on s'est arrêté sur la guérison de cette femme anonyme. En résumé :
Jésus perd-il du temps en s'arrêtant auprès de cette femme ? Pour rappel, l'horloge tourne, la fille de Jaïre est « à l’extrémité », le temps presse... et Jésus s'arrête et prend le temps de se retourner parce que quelqu'un l'a touché au beau milieu de la foule qui le suit et le presse !
« Alors qu’il parlait encore, viennent de chez le chef de synagogue [des gens], disant : "Ta fille est morte, pourquoi tourmentes-tu encore le maître ?" » (Mc 5, 35)
Littéralement, Jésus se fait couper la parole. L’enchaînement entre les deux scènes est extrêmement abrupt. D’après l'entourage de Jaïre, il est trop tard, la fille est morte.
Si la jeune fille est morte, à quoi bon faire venir Jésus ? Pourtant, Jésus se rend bel et bien dans la maison de Jaïre et annonce, l’air étonné :
« Pourquoi faites-vous ce tumulte ? L'enfant n'est pas morte mais elle dort » (Mc 5, 39)

Très clairement, le thème-clé de ce double épisode est la foi.
Dans tout ce passage, la foi est centrale. Et l’inverse de la foi, ici, c’est la moquerie. Lorsque Jésus dit que la fille de Jaïre dort (et non qu’elle est morte), l'entourage lui rit au nez : « Et ils se moquaient de lui » (Mc 5, 40). Ils rejettent donc l'affirmation de Jésus, après l'avoir découragé de venir à la rencontre de la fillette.
Finalement, ces deux épisodes révélent l'identité de Jésus. Il n'est pas qu'un guérisseur ; il redonne la vie... ce qui annonce LE miracle par excellence, sa résurrection !

Jésus semble être venu pour rien : d’après les témoins, la fille de Jaïre est déjà morte. Mais d’après Jésus, elle dort. Pourquoi dit-il cela ?
Ce passage est mystérieux, car Jésus refuse de dire que la jeune fille est morte : il dit qu’elle « dort ». Puis il lui ordonne simplement… de se réveiller, comme après une sieste ! Jésus vient donc en quelque sorte de réanimer cette jeune fille.
Mais cette fille ne se « réveille » pas. Elle « se lève », dit l’évangile. Pourquoi n’est-ce pas le même verbe ? Pour entrer dans le détail, analysons le texte original en grec :
En l'occurrence, le mot anastè est également utilisé... pour parler de la résurrection de Jésus (en Mc 16, 9 par exemple). Autrement dit, l’évangile de Marc suggère que ce « réveil » de la fille est plus qu’un réveil. On peut y lire une annonce la résurrection de Jésus.
En fait, le texte n’est pas clair du tout. Il parle à la fois d’endormissement et de mort, à la fois de réveil et de résurrection. Pourquoi ?
Notre hypothèse est la suivante : en jouant sur la confusion, l’évangile nous indique discrètement que cette scène préfigure déjà la Résurrection du Christ — et avec lui, la Résurrection de tout homme et de toute femme.

Pour conclure, laissons place au sublime. Dans ce poème exquis, Théodore de Banville évoque le réveil de la fille de Jaïre. Bonne lecture !
Lorsque Jésus entra, la fille de Jaïre
Ouvrait sa lèvre encor, ne sachant plus sourire ;
Son visage était pâle et ses yeux étaient clos,
Et dehors éclataient des cris et des sanglots.
Se tournant vers le doux Jésus dont le front brille,
Le père dit : Seigneur, c’est ma petite fille
Dont la tête repose entre ses bruns cheveux ;
Regarde-la, tu peux me rendre si tu veux [...]
Or, entendant toujours les femmes soupirer,
Jésus leur dit : Pourquoi vous troubler et pleurer ?
Puis, ayant relevé sa chevelure rousse,
Le Maître, d’une voix mystérieuse et douce,
Ajouta : Cette enfant n’est pas morte, elle dort.
Comme lorsqu’au matin le jour s’éveille et sort [...]
Elle avait la douceur d’un ange qui médite.
Alors Jésus lui prit la main et dit : Petite
Fille, lève-toi. Comme un astre, tu le vis,
Ô Père, le regard de ses grands yeux ravis
Se réveilla ; pareil à l’oiseau qui se pose,
Un sourire courut sur sa lèvre de rose ;
Ses bras et ses pieds nus étaient pâles encor
Tandis que son beau front dans la lumière d’or
Frissonnait, comme un lys où la clarté se joue ;
Une aube rougissait, tremblante, sur sa joue ;
Et toi, qui n’avais pas gardé l’espoir en vain,
Pâle, tu bénissais le voyageur divin,
Celui dont la pitié pour ceux que nous aimâmes
Nous rend un jour leur voix, leurs yeux, leurs bras, leurs âmes,
Et qui, voyant ta peine amère et ton tourment,
T’avait dit : Ne crains rien, père, crois seulement ! 
Théodore de Banville (1823-1891), Dans la fournaise, Paris, Bibliothèque-Charpentier, 1892, pp. 165-167
