Quel rôle ont les psaumes et pourquoi sont-ils mis en musique ?

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Qu'est-ce qu'un psaume ? D’où vient le mot « psaume » et quelle est son étymologie ? Quel est le lien entre la musique et les psaumes ?

02 minutes et 55 secondes avec Ballaké Sissoko, King David, Honthorst et Olivier Clément
Dernière mise à jour -  
7/12/2023

Dansez sur le son de la harpe et de la kora tout en lisant les psaumes

Le psaume 150 invite le lecteur à faire résonner tout un immense répertoire d’instruments. Il évoque en effet le son du cor, de la harpe et de la cithare, du tambour, des flûtes, ou encore des cymbales ! Et ces instruments n’ont évidemment pas disparu aujourd’hui.

Proche de la harpe et de la cithare, voici une entrée en matière au son de la kora, instrument à cordes très populaire d’Afrique de l’Ouest. C’est ici le grand artiste malien Ballaké Sissoko qui ouvre notre numéro en musique, pour accompagner la lecture du psaume en rythme et en accords !

Le texte biblique qui montre le lien entre les psaumes et la musique

Le psaume 150 est le dernier du Psautier. Il résonne tout en musique.


Alléluia ! Louez Dieu dans son [lieu] saint, louez-le dans le firmament de sa puissance !
Louez-le pour ses hauts faits !
Louez-le selon l’immensité de sa grandeur !
Louez-le au son du cor,
Louez-le par la harpe et la cithare,
Louez-le par la danse et le tambour,
Louez-le par les cordes et les flûtes,
Louez-le par les cymbales sonores,
Louez-le par les cymbales triomphantes !
Que tout ce qui respire loue YHWH ! Alléluia !

Psaume 150, versets 1 à 6. Traduit de l’hébreu par les équipes de notre programme de recherches La Bible En Ses Traditions.

Le sens des psaumes et leur valeur musicale

Gerrit van Honthorst (1592-1656), Le roi David jouant de la harpe (1622, huile sur toile, 81 x 65 cm), Centraal Museum, Utrecht, Pays-Bas. Domaine public.

Qu’est-ce qu’un psaume ?

Historiquement, tout comme ses voisins d'Égypte, de Mésopotamie et de Canaan, Israël a, dès ses origines, pratiqué la poésie cultuelle.

Ce trésor artistique religieux d'Israël est conservé dans le psautier (le livre regroupant les 150 psaumes de la Bible). Le psautier est une véritable bibliothèque constituée principalement de prières individuelles ou collectives qui ont été le plus souvent attribués au roi David.

Ces poèmes servent à la prière liturgique des Juifs et des Chrétiens encore aujourd’hui.


Eduard Bendemann (1811-1889), Les Juifs en deuil en exil, (1832), une représentation du Psaume 137 qui évoque l'exil à Babylone, (huile sur toile, 183 x 280 cm), Wallraf-Richartz-Museum - Fondation Corboud, Cologne, Allemagne. Domaine public.

D’où viennent les mots « psautier » et « psaume » ?

Comme souvent chez PRIXM, on vous invite à faire un petit détour par l'étymologie, en grec et en hébreu…

  • Le mot « psautier » vient du grec psaltèrion. Étymologiquement et très littéralement, il désigne le nom de l'instrument à cordes qui accompagne les chants et les psaumes (d’où la pertinence de lire le Psaume 150 avec les notes musicales de Ballaké Sissoko en fond sonore !)
  • Le mot « psaume » vient du grec psalmos venant lui-même du verbe grec ancien psalein qui signifie pincer, faire vibrer, toucher un instrument à cordes.

  • En hébreu, le Psautier s'appelle tehillim, ce qui signifie « louanges ».
  • Mais le terme le plus fréquent qui apparaît dans les titres des psaumes en hébreu est mizmor. Ce terme peut notamment se traduire par « chant », « cantique ». D'ailleurs, cela explique pourquoi le traducteur grec a traduit mizmor par psalmos pour insister sur son caractère musical.

Bref, « psaume », « hymne » ou « cantique » … tous ces mots ont en commun de faire allusion à la mise en musique, parce que les psaumes sont des petits poèmes destinés à être chantés.

Vitrail de l'église anglicane Saint-Jean-Baptiste-d'Ashfield en Nouvelle-Galles du Sud, en Australie. Il illustre le Psaume 23 qui chante « Le Seigneur est mon berger, je ne manquerai de rien. »

Quel est le rôle des Psaumes et comment se lisent-ils ?

On dénombre 150 psaumes, qui se regroupent en 3 grands genres littéraires. Chaque genre littéraire correspond à une tonalité et une intention particulière.

  • Les hymnes de louange : ils exaltent les prodiges accomplis par Dieu dans la nature, spécialement son œuvre créatrice, et dans l'histoire, spécialement le salut accordé à son peuple (en cela, le psalmiste fait mémoire des hauts-faits qui ont jalonné l’histoire d’Israël).

  • Les supplications, ou psaumes de souffrance, ou lamentations : à la différence des hymnes, les supplications ne chantent pas la gloire de Dieu mais s'adressent à lui. Elles sont des appels au secours ou des expressions de confiance et cherchent à émouvoir Dieu en lui dépeignant l’épreuve et les souffrances des suppliants. Il y a par exemple des psaumes de confessions de péchés comme le Psaume 51 où David avoue sa faute. Parfois, le psaume de demande n'est qu'un long appel confiant, comme dans le Psaume 23.

  • Les actions de grâces : les psaumes d’actions de grâce sont peu nombreux. Ils correspondent à des remerciements adressés à Dieu. Le peuple rend grâce par exemple pour la délivrance d'un péril, pour l'abondance des récoltes, pour les bienfaits accordés au roi. Le plus souvent, ce sont des prières individuelles : elles sont l’expression de particuliers en direction de Dieu, en remerciement de la promesse tenue par exemple.
Le Mur Occidental - également appelé Mur des Lamentation, à Jérusalem, ici lors de la fête de Pessah en 2006. Les Juifs y viennent notamment réciter les Psaumes et déposer leurs prières dans les espaces entre les pierres effritées.

Le mot de la fin

Les psaumes sont par excellence une manière poétique de s’adresser à Dieu. Dans un recueil d’entretiens, le théologien orthodoxe Olivier Clément parle de l’importance de l’art pour habiter nos vies, et c’est parfait pour conclure notre numéro :

« L’art nous éveille. Il nous approfondit dans l’existence. Il fait de nous des hommes et non des machines. Il rend nos joies solaires et nos blessures saignantes. Il nous ouvre à l’angoisse et à l’émerveillement. »


Olivier Clément (1921-2009), Mémoires d’espérance, Paris, Desclée De Brouwer, 2003 ; p. 19

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