Comment le grand roi David se laisse-t-il tenter par l'adultère ? Comment cela est-il décrit dans l'Écriture ? La chair est-elle le péché mignon de l'homme ?
Dans Hallelujah, Léonard Cohen évoque le roi David et sa découverte de Bethsabée.
"You saw her bathing on the roof"
« Depuis le toit, tu l’aperçus au bain »
Pour saisir l'allusion et comprendre la référence, il faut lire le texte biblique !
Au retour de l’année, moment où les rois ont coutume de partir en campagne, voici que David envoya Joab, ses serviteurs avec lui et tout Israël pour massacrer les fils d’Ammon et assiéger Rabba — David, quant à lui, resta à Jérusalem.
Pendant ce temps, vint une soirée où David se leva de son lit et se promena sur le toit de la maison du roi.
Il aperçut, du toit, une femme qui se baignait en face et cette femme était extrêmement belle à voir.
Le roi fit donc enquêter sur cette femme et on lui apprit que cette femme était Bethsabée, fille d’Héliam et femme d’Urie le Hittite.
Alors David envoya des messagers la prendre.
Comme elle était entrée chez lui, il coucha avec elle; et aussitôt elle se purifia de sa souillure et retourna dans sa maison.
Ayant conçu elle envoya annoncer à David et dit :
— Je suis enceinte.
et David envoya à Joab en disant :
— Envoie-moi Urie le Hittite !
Et Joab envoya Urie à David.
Et Urie vint à David et David demanda comment Joab allait, et le peuple, et comment se déroulait la guerre … Puis David dit à Urie :
— Descends donc à ta maison et lave tes pieds.
Urie sortit de la maison du roi, et sortit après lui un mets de la table du roi... mais Urie dormit devant la porte de la maison du roi avec tous les serviteurs de son seigneur et il ne descendit pas dans sa maison. On le rapporta à David :
— Urie n’est pas allé dans sa maison
et David dit à Urie :
— N'arrives-tu pas de voyage ? Pour quelle raison n’es-tu pas descendu dans ta maison ?
et Urie dit à David :
— L’arche et Israël et Juda habitent des tentes et mon maître Joab et les serviteurs de mon maître restent à la surface du sol et moi j’irais à la maison manger et boire et coucher avec ma femme ? Par ton salut et le salut de ton âme, je ne ferai pas cela ! […]
Et voici, le matin David écrivit une missive à Joab et la lui fit porter par la main d’Urie. Il écrivait dans la missive :
— Placez Urie devant, au plus fort de la bataille et abandonnez-le pour que frappé il meure !
Il se trouvait que Josias assiégeait la ville : il plaça Urie au lieu où il savait que les ennemis étaient les plus forts, et les hommes de la ville sortirent et attaquèrent Joab. Il en tomba dans le peuple, parmi les serviteurs de David, et Urie le Hittite mourut aussi. […]
Et la femme d’Urie entendit qu'Urie son mari était mort et elle pleura son époux.
Le deuil passé, David envoya [la chercher] et l'accueillit dans sa maison et elle devint sa femme et elle lui enfanta un fils or cette chose que David avait faite déplut aux yeux du Seigneur …
Le roi David est l’un des plus grands personnages de la Bible. Sur le Wall of Fame de l’Écriture, il est au coude-à-coude avec Moïse ou Abraham !
Aussi Augustin d'Hippone — le fameux saint Augustin — s’étonne-t-il qu’un « si grand prophète, choisi par le Seigneur Dieu de manière si remarquable, ait pu commettre un adultère en désirant et en enlevant l’épouse d’un autre homme et un meurtre si horrible en tuant son mari » Epistula 82 (2, 5).
Comment la Bible peut-elle raconter une faute si grave chez l'un de ses héros ? Nous vous refaisons le match, en prenant soin d'éclairer chaque détail afin de mettre un peu plus le doigt dans cette plaie ouverte :
Pour découvrir plus amplement la figure du Roi David, ouvrez votre Bible au deuxième livre de Samuel. Il se lit comme un bon roman !
Dans la biographie de Mermoz en 1938, Joseph Kessel montre lui aussi que son héros est fait de grandeur et de misère. Sa réflexion fait écho à celle qu'offre le récit de David et Bethsabée :
« Un saint ne naît jamais armé de la sainteté comme d’une cuirasse. Un héros ne sort jamais tout cuit d’un moule fabriqué à l’avance. La grandeur de l’homme est dans sa complexité. Le reste n’est qu’image d’Épinal. »
Joseph Kessel, Mermoz, Gallimard, Paris, 1938
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