Le lavement des pieds : un acte d'amour symbolique

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Pourquoi Jésus lave-t-il les pieds à ses apôtres pendant la Cène ? D'où vient ce geste et que signifie-t-il ? Est-ce un simple geste d'hygiène ou un acte d'amour et d'humilité ?

4 minutes et 38 secondes avec Olivier Giroud, Rembrandt et Clément d’Alexandrie
Dernière mise à jour -  
15/2/2024

Des mains et des pieds : Olivier Giroud et Jésus

Le 15 juillet 2018, l'équipe de France décroche sa 2ᵉ ⭐ de champions du monde ! Dans le vestiaire après le match, Olivier Giroud, l’attaquant des Bleus, se dirige vers la caméra et montre ses mains. Dans chacune de ses paumes, on peut y lire « Love » et « Jésus ».

Une déclaration d'Amour avec les mains qui nous en a rappelé une autre avec les pieds... Explications dans l'éclairage.

Le texte biblique qui raconte le lavement des pieds

Avant la fête de la Pâque, sachant son heure venue pour passer de ce monde vers le Père, ayant profondément aimé les siens qui étaient dans le monde, Jésus les aima jusqu’à la fin.

Au cours d’un dîner, alors que le diable avait déjà lancé au cœur de Judas, fils de Simon Iscariote, le dessein de le livrer, sachant que le Père avait remis toute chose entre ses mains, qu’il était sorti de Dieu tout comme il partait vers Dieu, il se lève de table, dépose ses vêtements, et prend une serviette qu’il noue autour de sa taille.

Il verse ensuite de l’eau dans le bassin, puis commence à laver les pieds de ses disciples, et à les essuyer avec la serviette qu’il portait à sa taille. Il arrive alors devant Simon Pierre.

Et Pierre lui dit :
— Toi, Seigneur, tu me laverais les pieds ?

Jésus répond et lui dit :
— Ce que je suis en train de faire, tu ne le sais pas maintenant, mais tu le comprendras plus tard.

Pierre lui répond alors :
— Non, jamais tu ne me laveras les pieds !

Jésus répliqua :
— Si je ne puis te laver les pieds, tu n’auras pas ta part auprès de moi. […]

Quand il eut fini de leur laver les pieds, il reprit ses vêtements, s’installa de nouveau et leur dit :
— Comprenez-vous ce que pour vous je viens de faire ? Vous m’appelez ‘Maître’ et ‘Seigneur’, et c’est à juste titre : je le suis en effet. Si donc j’en suis venu à vous laver les pieds, moi, le Seigneur et Maître, vous aussi vous devez vous laver les pieds les uns aux autres. C’est un exemple que je vous ai donné, afin qu’à votre tour vous agissiez comme je l’ai fait pour vous.

Chapitre 13, versets 1 à 8 et 12 à 15 de l'Évangile selon saint Jean dans le Nouveau Testament. Traduit du texte grec par les équipes de notre programme de recherches La Bible en ses traditions.

Quel est le sens du lavement des pieds réalisé par Jésus le soir du jeudi saint ?

Récit du jeudi saint : une différence entre les quatre évangiles

  • Luc, Marc et Matthieu : chacun raconte qu’à la veille de sa passion, lors de son dernier repas (la Cène) : Jésus prit du pain et du vin qu'il donna à ses disciples.
  • Jean, lui, ne raconte pas cette Cène (*scène) mais nous parle du lavement des pieds.
Maître du Livre de Raison (XVe siècle), Scène de lavement des pieds : panneau gauche d'un retable de la Passion du Christ (vers 1475, huile et tempera sur bois), Gemäldegalerie, Berlin (Allemagne). Domaine public.

Le lavement des pieds : un symbole d'humilité lié aux esclaves

Dans l’Antiquité, lorsqu’un maître de maison rentrait chez lui, son esclave devait lui laver les pieds. Cette pratique est attestée dans la Rome Antique, et dans l’Ancien Testament. On en trouve un exemple dans le livre de Samuel, lorsqu'Abigaïl apprend que le roi David veut l’épouser. Elle répond alors :

« Voici que ta servante soit comme une esclave pour laver les pieds des serviteurs de mon seigneur » (1 S 25,41)

Jésus accomplit donc une tâche très souvent assurée par les esclaves. Aussi, en se levant de table, il « dépose ses vêtements, et prend une serviette qu’il noue autour de sa taille ». Cette tenue était celle que revêtaient les esclaves pour accomplir leur fonction.

Cela provoquait déjà l'émerveillement au deuxième siècle de notre ère puisque Clément d'Alexandrie s'exclamait :

« Il leur lavait les pieds, ceint d'une serviette de toile, lui, le Dieu sans orgueil, Seigneur de l'univers... »

Stählin Otto (éd.), Clemens Alexandrinus : Le Pédagogue, Leipzig-Berlin : 1936

Duccio di Buoninsegna (1255-1319), Lavement des pieds (tempera sur bois, entre 1308 et 1311), Musée de l'Œuvre de la Cathédrale, Sienne (Italie). Domaine public.

Symbole d’union et d'amour entre les époux

Dans les Écritures, « se laver les pieds » est l'une des expressions pour évoquer l’union corporelle des époux — on vous laisse juger de la poésie d’une telle expression.

Ici, Jésus lave bien les pieds de ses disciples au sens propre. Mais en posant ce geste, il témoigne d'une communion d'une profondeur inouïe, analogue à l’union des époux. La demande de Jésus ne saurait se résumer à une humble tâche utilitaire : il les invite à laver les pieds de leurs frères.

Ce geste annonce le dépouillement ultime de la Croix, c'est la marque du plus grand Amour.

Rembrandt (1606–1669), Le lavement des pieds (dessin à la plume et encre marron sur papier, entre 1640 et 1649), Musée d'État, Amsterdam (Pays-Bas). Domaine public.

Le mot de la fin

Les Constitutions apostoliques (un recueil de doctrine chrétienne, de liturgie et de discipline ecclésiastique de la fin du 4ème siècle, a long time ago...) montre que ce texte du lavement des pieds est lu comme une invitation au service des frères et particulièrement des plus pauvres :

« Il faut donc que vous aussi vous serviez vos frères, en imitateurs du Christ. [...] Ainsi lui-même a réalisé le bon service de la multitude, et non pas avec des mots. […] En faisant cela, il nous manifestait la tendresse de son amour fraternel, pour que nous aussi nous agissions ainsi les uns envers les autres. Si donc notre Seigneur et maître s'est ainsi abaissé, comment pouvez-vous avoir honte à faire de même envers les frères infirmes et faibles, puisque vous êtes des ouvriers au service de la vérité et des défenseurs de la foi ? »

Metzger Marcel (éd., trad.), Les Constitutions apostoliques, 3 vol. (SC 320, 329, 336), Paris : Cerf, 1985-1987

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