D'après la Bible, le monde aurait été créé en 7 jours. Qu'est-ce que ça veut dire ? Quelle est la validité de cette formulation ? Comment comprendre le récit de la création dans la Genèse ?
Le film The Tree of Life avec Brad Pitt, Palme d'or à Cannes en 2011, commence par un verset du livre de Job : « Où étais-tu quand je jetais les fondations de la terre ? » (Job, 38,4).
À ce moment, le réalisateur Terrence Malick vous entraîne dans une séquence cinématographique retraçant la création du monde, images sublimées par le Lacrimosa de Preisner en bande-son. Bref, 2 minutes époustouflantes à ne pas rater !
Au principe Dieu créa le ciel et la terre. Or la terre était informe et vide, et les ténèbres [étaient] sur la face de l’abîme, et l’esprit de Dieu voletait au-dessus des eaux. Et Dieu dit :
— Que la lumière soit
et la lumière fut. Et Dieu vit que la lumière était bonne et il sépara la lumière et les ténèbres. Et il appela la lumière :
— Jour
et les ténèbres :
— Nuit
et il y eut un soir et un matin : jour un.
Dieu dit aussi :
— Qu’il y ait un firmament au milieu des eaux et qu’il sépare les eaux d’avec les eaux.
Et Dieu fit le firmament et il sépara les eaux qui sont au-dessous du firmament d’avec les eaux qui étaient au-dessus du firmament et il en fut ainsi. Et Dieu appela le firmament :
— Ciel
et il y eut un soir et un matin : deuxième jour.
Et Dieu dit :
— Que les eaux qui [sont] au-dessous du ciel se rassemblent en un seul lieu et que paraisse le sec. Et il en fut ainsi. Et Dieu appela le sec :
— Terre
et il appela le rassemblement des eaux :
— Mers
et Dieu vit que c'était bon. Et Dieu dit :
— Que la terre fasse pousser l'herbe verte portant semence et l'arbre à fruit faisant du fruit selon son espèce ayant en soi sa semence, sur la terre.
Et il en fut ainsi. Et la terre fit sortir de l'herbe verte portant semence selon son espèce et l'arbre faisant du fruit, chacun portant semence selon son espèce. Et Dieu vit que c'était bon. Et il y eut un soir et un matin : troisième jour.
Et Dieu dit :
— Qu’il y ait des luminaires dans le firmament du ciel pour séparer le jour et la nuit et qu’ils soient des signes, [qu’ils marquent] les époques, les jours et les années et qu’ils brillent dans le firmament des cieux pour illuminer la terre !
Et il en fut ainsi. Et Dieu fit les deux grands luminaires : le plus grand luminaire pour présider au jour, le plus petit luminaire pour présider à la nuit — et les étoiles. Il les plaça au firmament du ciel pour illuminer la terre et pour présider au jour et à la nuit et pour séparer la lumière et les ténèbres. Et Dieu vit que c'était bon. Et il y eut un soir et un matin : quatrième jour.
Dieu dit aussi :
— Que les eaux produisent le reptile ayant âme vivante et le volatile sur la terre, sous le firmament du ciel !
Et Dieu créa les grands animaux aquatiques et toute âme vivante qui se meut dont pullulèrent les eaux, selon leur espèce, et tout volatile selon son espèce. Et Dieu vit que c'était bon. Et Dieu les bénit en disant :
— Croissez et multipliez et remplissez les eaux de la mer et que les oiseaux multiplient sur la terre !
Et il y eut un soir et un matin : cinquième jour.
Et Dieu dit :
— Que la terre fasse sortir l'âme vivante selon son espèce, les bêtes de somme, les reptiles et les animaux de la terre selon leurs espèces !
Et il en fut ainsi. Et Dieu fit les animaux de la terre selon leurs espèces : les bêtes de somme et tout reptile de la terre selon son espèce. Et Dieu vit que c'était bon. Et il dit :
— Faisons l’homme à notre image et ressemblance et qu’il domine sur les poissons de la mer et les oiseaux du ciel et les animaux de toute la terre et tout reptile qui se meut sur la terre.
Et Dieu créa l’homme à son image — à l’image de Dieu il le créa — mâle et femelle il les créa. Et Dieu les bénit et leur dit :
— Croissez, multipliez, remplissez la terre et soumettez-la et dominez sur les poissons de la mer, les oiseaux du ciel et tous les [êtres] animés qui se meuvent sur la terre !
Et Dieu dit :
— Voici que je vous donne toute herbe portant semence sur la terre et tous les arbres qui ont en eux-mêmes la semence de leur espèce : qu'ils soient votre nourriture. Et à tous les [êtres] animés de la terre et à tout oiseau du ciel et à tout ce qui se meut sur la terre ayant en soi une âme vivante [je donne] toute herbe verte pour nourriture.
Et il en fut ainsi. Et Dieu vit tout ce qu’il avait fait
— et c'était très bon
et il y eut un soir et un matin : sixième jour.
Rappelons que la Bible donne deux récits de la Création :
Or ces deux passages se contredisent sur l’ordre d’apparition des créatures :
En Genèse 1, l'homme est créé en dernier ; en Genèse 2 il est créé en premier avant les animaux. Pourquoi la Bible se contredit-elle si évidemment ? Lequel de ces deux récits divergents donne-t-il la vision la plus scientifique de la création du monde ?
Aucun ! Car ils n'ont pas pour but de délivrer une vérité scientifique. Oui, l'Écriture contient la vérité, rien que la vérité, toute la vérité, mais il s'agit de la vérité qui mène au salut — pas forcément de l'exactitude dans toutes les disciplines.
En exhibant ses dissonances, la Bible indique elle-même qu'elle ne veut pas être lue toujours de manière littérale. Elle interpelle l’intelligence du lecteur, lui demandant d’aller plus loin dans l’interprétation. La Bible est un recueil de textes aux genres littéraires multiples. Il faut savoir les identifier si on veut la lire correctement.
Voici une liste non exhaustive de ces genres littéraires :
Avoir une exigence scientifique pour les récits bibliques de la création, c'est tout simplement se tromper de genre littéraire. Pourquoi exiger de ce passage de la Genèse la précision d’un traité scientifique qu'il n'a jamais prétendu avoir ? Celui qui veut attaquer ce texte sous prétexte que le monde n'a pas été créé en 7 jours a tort d'avoir raison :
Dans cette hymne inaugurale, la Bible transmet une vérité sur Dieu, sur le monde et sur l'homme qui est bien plus que « scientifique ». Mieux : elle ne se contente pas de nous informer, elle nous invite à prendre notre place dans la louange des créatures au Créateur.
Ce récit insiste sur la beauté de la Création. Pour de nombreux Pères de l’Église, cette beauté est l'une des voies d’accès les plus évidentes pour découvrir Dieu, comme le proclama saint Augustin au IVème siècle :
« Interroge la beauté de la terre, interroge la beauté de la mer, interroge la beauté de l’air qui se dilate et se diffuse, interroge la beauté du ciel [...] interroge toutes ces réalités. Toutes te répondent : Vois, nous sommes belles. Leur beauté est un témoignage. Ces beautés sujettes au changement, qui les a faites sinon le Beau, non sujet au changement ? »
Saint Augustin, Sermon 241, 2 – 3 ; Pâques, c. 411 A.D
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