Qui est Dieu ? Dieu le Père n'est-il pas plutôt une bonne Mère ?

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Les chrétiens ont l'habitude de parler de Dieu comme « le Père ». Mais quel est le sens de cette formule ? Mieux : ne peut-on pas penser Dieu comme une Mère ?

3 minutes et 54 secondes avec Terrence Malick, les Pères de l'Église, Michel-Ange, Roublev et Olivier Clément
Dernière mise à jour -  
15/2/2024

Quand on s'adresse à Dieu comme à une bonne Mère

Dans le film Voyage of Time de Terrence Malick, un personnage s'adresse à Dieu en disant « Mother » :

« Mother, what do I love when I love you ? » / « Mère, qu’est-ce que j’aime quand je t’aime ? »

Est-ce que c'est vraiment une bonne idée ? Réponse dans L'éclairage.

Le texte biblique qui présente Dieu comme une femme

Car YHWH sort comme un héros, comme un guerrier, il réveille son ardeur,

il pousse le cri de guerre, un cri éclatant, il déploie sa force

il sera fortifié contre ses ennemis.

Longtemps je me suis tu, j’ai gardé le silence, je me suis contenu

comme la femme qui enfante, je gémis, je soupire et je suis haletant.

Chapitre 42, versets 13-14 du Livre d'Isaïe dans l'Ancien Testament. Traduit par les équipes de notre programme de recherches La Bible En Ses Traditions.

Peut-on parler de Dieu le Père comme d'une bonne Mère ?

creation adam Dieu mains plafond chapelle sixtine Michel-Ange
Michelangelo (1475-1564), La Création d'Adam (fresque, 1509-1510), Chapelle Sixtine, Rome, Cité du Vatican.

Dans ces lignes du livre d’Isaïe, c’est Dieu qui parle et c’est Dieu qui déclare : « comme la femme qui enfante, je gémis ». Cette comparaison interpelle le croyant qui fait spontanément de Dieu une figure masculine.

Alors on prolonge la réflexion entamée dans un autre numéro.

Qu’en est-il du sexe de Dieu ?

Quand Dieu se révèle, Il adapte sa Parole aux mentalités qu’Il approche. Pour que l'être humain puisse le connaître, Dieu utilise les « catégories » propres à la culture de cet être humain. Dans une société patriarcale à l'ancienne, Il est appréhendé comme Père, donateur de la Loi.

Or, il est remarquable que, même dans un tel contexte, dès les Écritures hébraïques, Il se présente à la fois comme « mâle » (Père) et comme « femelle » (Mère). Comme le souligne le théologien Olivier Clément :

« Le mystère divin, en particulier, est au-delà de l’opposition du masculin et du féminin, il intègre à la fois la symbolique de l’un et de l’autre. La Bible atteste à plusieurs reprises la tendresse maternelle de Dieu, elle parle de ses entrailles de miséricorde, rahamin, au sens utérin. »

L'Incarnation de Dieu

En Jésus, un homme : ça fait pencher la balance

Certes, pour les chrétiens, l'Incarnation de Dieu renforce ce côté masculin dans la manière divine de se faire connaître.

Au sommet de la révélation divine, c'est en Jésus de Nazareth, homme, indubitablement — il est même circoncis (Luc 2, 21) —  que Dieu prend corps humain.

Jésus christ portrait tunique bleu Leonard de Vinci
Leonard de Vinci (1452-1519), Salvatore Mundi (le « sauveur du monde » en latin), vers 1500, Louvre Abou Dabi, Emirats-Arabes-Unis. Domaine public © Wikicommons.

Mais Jésus naît d'une femme et compare Dieu à une femme

Mais cet homme naquit d'une femme, Marie, qui vénérée dans les Églises comme Mère de Dieu (Theotokos). Cela place le « féminin » à grande proximité du divin ! Et c'est aussi à des femmes qu'il confia en premier le secret ultime de sa révélation : les « Saintes Femmes » (Marie-Madeleine et ses amies) qui le suivirent jusqu’à la croix et au tombeau, et qui furent les premières, avant les apôtres hommes, à le proclamer ressuscité.

Mieux encore : jusque dans son incarnation virile, l'homme-Dieu se compare à la « poule qui protège ses petits sous ses ailes » (Matthieu 23,37).

L’Évangile selon saint Jean évoquera le « sein du Père », suggérant encore que Dieu est à la fois père et mère.

Et les Odes de Salomon, poèmes mystiques judéo-chrétiens, désigneront le Fils et l’Esprit comme les deux seins qui nourrissent la Création d’un lait d’immortalité.

Trinité trois ange assis table auréole coupelle Roublev
Andreï Roublev (1360-1430), Icône de la Trinité (tempera sur panneau de bois, 1410-1427), Galerie Tretiakov, Moscou, Russie.

La solution par l'icône de Roublev

Dans sa célébrissime icône de la Trinité, le saint iconographe montre la Trinité sous la figure des trois anges — créatures asexuées — visitant Abraham.

Le mot de la fin

C’est à un vieux Père de l’Église que nous laissons la parole pour conclure. Clément vécut à Alexandrie entre 150 et 215 il y a près de 2000 ans. Comme quoi la question n’est pas nouvelle :

« Par sa mystérieuse divinité, Dieu est Père. Mais la tendresse qu’il nous porte le fait devenir mère. Le Père se féminise en aimant. »

Clément d’Alexandrie, Quel riche peut être sauvé ?, coll. « Sources chrétiennes » n° 537, Cerf, Paris 2011 et coll. « Lettres chrétiennes », Éditions J.-P. Migne, Paris

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