Quand la Bible parle du mal et de l’horreur, ça fait froid dans le dos. Que nous dit-elle sur la violence criminelle de l'humanité ? Quel lien entre l'innocente et Jésus ?
Tout comme la chanson de Bob Dylan, le texte biblique d'aujourd'hui est en lien avec le sacrifice d’Abraham — on vous en dit plus dans l'éclairage. Juste avant, découvrez ce qu'en dit l'artiste dans le premier couplet de Highway 61 Revisited.
Un homme est allé chercher sa femme dans la maison de son père à Bethléem. Sur le chemin du retour, ils s'arrêtent dans le village de Guibéa.
Et il entra et s’arrêta sur la place de la ville, et il n’y eut personne qui les reçut dans sa maison pour y passer la nuit. Et voici un vieillard revenait de son travail aux champs le soir — c'était un homme de la montagne d’Éphraïm qui habitait à Guibéa et les hommes du lieu étaient des Benjaminites. Et il leva les yeux et vit le voyageur sur la place de la ville et le vieillard dit :
— Où vas-tu et d’où viens-tu ?
Il lui répondit :
— Nous allons de Bethléem de Juda jusqu’à l’extrémité de la montagne d’Éphraïm d’où je suis. Et je suis allé à Bethléem de Juda et maintenant je vais à la maison du Seigneur et il n’y a personne qui me reçoive dans sa maison. Il y a pourtant de la paille et du fourrage pour nos ânes et aussi du pain et du vin pour moi, pour ta servante et pour le jeune homme qui est avec tes serviteurs — nous ne manquons de rien.
Le vieillard dit :
— La paix avec toi ! Seulement je pourvoirai à tous tes besoins, mais ne passe pas la nuit sur la place.
Il le fit entrer dans sa maison et il donna du fourrage aux ânes et ils se lavèrent les pieds puis ils mangèrent et burent. Pendant qu’ils réjouissaient leur cœur voici que des hommes de la ville — des fils de Bélial — entourèrent la maison et frappant à la porte ils dirent au vieillard, maître de la maison :
— Fais sortir l’homme qui est entré chez toi afin que nous le connaissions.
Et sortit le maître de la maison vers eux et leur dit :
— Non, mes frères, ne faites pas le mal je vous prie puisque cet homme est entré dans ma maison, ne commettez pas cette infamie. Voici ma fille — qui est vierge — et sa concubine : je vous les amènerai dehors, vous les humilierez et vous leur ferez ce qu'il vous plaira, mais ne commettez pas sur cet homme une action aussi infâme.
Ces gens ne voulurent pas l’écouter. Alors l’homme prit sa concubine et la leur amena dehors. Ils la connurent et ils abusèrent d’elle toute la nuit jusqu’au matin et ils la renvoyèrent au lever de l’aurore.
Et cette femme, le matin se levant, vint tomber à la porte de l’homme chez qui était son seigneur jusqu'au jour. Son seigneur se leva le matin et ouvrit la porte de la maison et sortit pour aller son chemin. Et voici que la femme, sa concubine, était étendue devant la porte de la maison les mains sur le seuil.
Il lui dit :
— Lève-toi et allons-nous-en.
Et personne ne répondit. Alors l'homme la mit sur son âne et partit pour aller dans sa demeure. Arrivé chez lui il prit un couteau, saisit sa concubine et la coupa membre par membre en douze morceaux et l’envoya dans tout le territoire d’Israël. Et il arriva que quiconque vit cela dit :
— Jamais chose pareille n'a eu lieu, ni ne s'est vue depuis le jour où les fils d’Israël montèrent du pays d’Égypte jusqu’à ce jour. Pensez-y, prenez conseil et parlez.
Ce récit est tout simplement abominable.
Cette scène est juste horrible. Mais pour autant, si on en creuse la signification :
Pour le lecteur attentif, ce récit recèle plusieurs indices qui le rattachent à d’autres épisodes majeurs de l’histoire biblique et :
Ce récit, lu dans la lumière de l'Ancien et du Nouveau Testament, s'ouvre au mystère de Jésus-Christ : l’innocente de Bethléem est livrée par un prêtre à des hommes qui abusent d’elle jusqu’à la tuer, et son corps est découpé en douze morceaux par un instrument « cultuel », comme pour en faire un sacrifice.
Ce que la Bible suggère ainsi énigmatiquement (ou « typologiquement »), c'est que seule la mort volontaire de l'Innocent parfait qu'est Jésus peut projeter un rayon de lumière dans les ténèbres criminelles où les hommes sont capables de tomber.
Devant ce spectacle horrifiant, devant le mystère de la souffrance, on pourrait tenter de trouver une phrase réconfortante, une explication soutenable, mais nous préférons finir avec une phrase de Monseigneur Pierre Veuillot, archevêque de Paris en 1966-1968. Voici ce qu’il disait sur son lit de maladie à la fin de sa vie :
« Nous savons faire de belles phrases sur la souffrance. Moi-même, j'en ai parlé avec chaleur. Dites aux prêtres de n'en rien dire : nous ignorons ce qu'elle est. J'en ai pleuré. »
Monseigneur Pierre Veuillot
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