Qu'est-ce qu'un véritable sacrifice dans la Bible hébraïque ?

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Que signifie le mot « sacrifice » ? Doit-on s'attendre à des tas d'animaux brûlés ou mis à mort ? Quel type de sacrifice Dieu demande-t-il dans la Bible ?

3 minutes et 48 secondes avec Allegri, Sandro Botticelli, Le Caravage et Augustin d'Hippone : on a rappelé les très grands pour vous parler d’un sujet pas marrant, mais important.
Dernière mise à jour -  
15/2/2024

Le psaume mis en musique par Mozart, ça vaut le détour


Écoutez le célébrissime Miserere, psaume exaltant le sacrifice fait à Dieu, composé par Allegri dans les années 1630 à l'usage exclusif de la liturgie des Papes.

Un siècle plus tard, en 1770, Mozart alors âgé de 14 ans entendit cette merveille dans la chapelle Sixtine — seul lieu où elle pouvait être jouée — et, de retour chez lui, en récrivit intégralement la partition grâce à son extraordinaire mémoire auditive. Genius.

Le texte biblique qui raconte le type de sacrifice qui plaît à Dieu

Seigneur, ouvre mes lèvres
et ma bouche publiera ta louange.

Car tu ne veux pas de sacrifices
— je t’en offrirais —
tu ne prends nul plaisir aux holocaustes.

Le sacrifice pour Dieu, c’est un esprit brisé
d'un coeur brisé et contrit
, Dieu, tu n'as pas de mépris.

Psaume 51, versets 17 à 19 dans l'Ancien Testament. Traduit du texte massorétique (hébreu) par les équipes de notre programme de recherches La Bible en ses traditions.

Qu'est-ce qu'un sacrifice dans la Bible ?

Petite distinction étymologique pour commencer

  • Holocauste vient du grec holos (« entier, tout ») et kaustos (« brûler ») : il signifie littéralement « brûler en entier ».
  • Sacrifice vient du latin sacrum facere qui signifie « rendre sacré, faire sacré ». 👉 Avant de signifier un renoncement ou une destruction, le sacrifice désigne la production du sacré.

À quoi renvoient ces deux termes du psaume 51 ?

À la liturgie fastueuse qui se déployait dans l'Antiquité au Temple de Jérusalem. Un sacrifice commençait par plusieurs moments précis :

  • La mise à part d’une bête qui m'appartient 🐏🐅 ;
  • La renonciation à ce bien que représente la bête — c’est sans doute à cette étape que l’on doit le sens commun de « sacrifice » compris comme un renoncement
  • L'offrande de ce bien à Dieu.
sacrifice ange fils couteau cri Le Caravage
Le Caravage (1571–1610), Le Sacrifice d'Isaac (huile sur toile, vers 1603), Galerie des Offices, Florence, Italie.

C'est quoi le vrai sacrifice attendu en fait ?

Or selon le psaume 51 que nous venons de lire, Dieu ne veut pas de ce type de sacrifice : « Le sacrifice pour Dieu, c’est un esprit brisé, d'un cœur brisé et contrit ...  » 😨 What ?

Saint Augustin nous éclaire dans La Cité de Dieu (4e édition, trad. Combès, Bibliothèque Augustinienne, Desclée de Brouwer, 1960, p. 672) :

« Dans les sacrifices où les patriarches immolaient des animaux et qu’aujourd’hui le peuple de Dieu relit dans l’Écriture sans plus les pratiquer, il faut voir uniquement la figure des œuvres qui s’accomplissent parmi nous, en vue de nous unir à Dieu et de porter vers lui notre prochain. »

👉 Selon Augustin d'Hippone, ces sacrifices sont une pédagogie pour apprendre aux croyants le repentir, seul sacrifice qui plaît à Dieu.

L’offrande d'un esprit humain brisé (tel le corps découpé d’une bête au Temple), et d'un cœur contrit et humilié (tel le cœur suffoquant de l’animal immolé) : voilà le sacrifice désiré par le Seigneur.

saint augustin travail bureau bibliotheque fresque Botticelli
Sandro Botticelli (1445–1510), Fresque de Augustin d'Hippone (fresque, 1480), Église Ognissanti, Florence, Italie.

Le repentir à travers le jeûne

  • D'où vient le terme « repentir » ? Du terme grec metanoïa. C'est le bouleversement intérieur de l’homme, qui finit par se retourner vers Dieu et son prochain.
  • Le sacrifice que représente le jeûne du Carême permet de parvenir à cette épuration intérieure : en se privant d’activités particulières, le croyant est invité à une sobriété, un silence intérieur, à redécouvrir la source de toutes ces joies.
  • Le jeûne est alors le prélude qui conduit à l’amour. Là est le sens spécifiquement biblique de cette ascèse, pratiquée aussi dans bien d’autres religions.
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Le mot de la fin

« Souvent le repentir est simplement identifié à une froide et objective énumération de péchés et de transgressions, à un aveu de culpabilité devant une accusation légale. Confession et absolution sont envisagées comme des actes de nature juridique. Mais on néglige une chose essentielle, sans laquelle ni la confession, ni l’absolution n’ont de signification réelle, ni de pouvoir. Et cette chose c’est précisément le sentiment d’être exilé de Dieu, exilé loin de la joie de la communion avec Lui et loin de la vraie Vie qui est créée et donnée par Dieu. Il est facile en effet de confesser que je n’ai pas jeûné aux jours prescrits, que j’ai oublié mes prières ou que je me suis mis en colère. C’est tout autre chose de réaliser tout à coup que j’ai souillé et perdu ma beauté spirituelle, que je suis très loin de ma vraie demeure, de ma vraie vie, et que dans la trame même de mon existence, quelque chose de précieux et de pur a été irrémédiablement brisé. Pourtant cela, et cela seul, est le repentir, et c’est pourquoi il est aussi un désir profond de retourner vers ce qu’on a quitté, de revenir, de retrouver le home perdu. »

Alexandre Schmemann, Le grand Carême, Éditions Monastiques, Spiritualité orientale n°13, Abbaye de Bellefontaine, 2011, p.24.

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