Quels sont les rapports entre la Bible et l'Histoire ? Quelle est la pertinence ou l'historicité des récits bibliques ? Que peut nous révéler l'archéologie ? Quel est la différence entre la Torah et les Evangiles ?
« Jésus était un navigateur quand il marcha sur les eaux » : telles sont les paroles du grand Leonard Cohen dans l'un de ses plus grands titres Suzanne.
On se penche justement sur ce miracle et sur le rapport entre Bible et Histoire dans l'éclairage du jour.
L'épisode de la barque dans la tempête est l'un des plus fameux de l'Évangile. On vous laisse le relire et découvrir cette barque dans L'éclairage.
Et il leur dit ce jour-là, le soir venu :
— Passons de l'autre rive.
Et laissant la foule, ils l’emmenèrent tel qu’il était dans la barque et d’autres barques étaient avec lui. Et il survient une grande tempête de vent et elle jetait les vagues dans la barque de sorte que la barque se remplissait déjà et lui était à la poupe dormant sur le coussin et ils le réveillent et lui disent :
Maître, cela ne fait rien que nous périssions ?
Et s'étant réveillé il menaça le vent et dit à la mer :
— Tais-toi ! Silence !
Et le vent cessa et il se fit un grand calme. Et il leur dit :
— Pourquoi êtes-vous aussi craintifs ? Vous n'avez pas encore la foi.
Et ils craignirent d'une grande crainte et ils se disaient l'un à l'autre :
— Qui penses-tu qu'il puisse être, celui-ci, que même vent et mer lui obéissent ?
S’il arrive à l'archéologie de pouvoir confirmer ou infirmer tel ou tel élément des textes bibliques, ce n'est pas là son apport principal. Elle permet de reconstituer l'environnement géographique, social, culturel des auteurs inspirés tant à l'échelle :
Par exemple les dernières découvertes archéologiques autour du Lac de Tibériade nous apprennent énormément de choses sur la vie locale et économique à l’époque de Jésus.
Un exemple bien connu des personnes familières du lac de Tibériade : des fouilles dans l’actuel kibboutz de Guinossar au bord du lac avaient permis de retrouver une antique barque de pêcheur et les restes d’un port antique qui attestent deux choses :
La question des relations entre Écritures, histoire et archéologie se pose de façons bien différentes selon les livres et les époques de la Bible :
À propos des différents rapports entre Bible et Histoire, les grands récits de la Torah et du Nouveau Testament ont un processus de rédaction historique bien différent, qui induit naturellement un rapport à l’histoire distinct :
La question de la place de l’histoire dans l’étude de la Bible est une bonne question. Mais, à une époque où l’intelligentsia catholique, suivant un mouvement général de la pensée occidentale, était fascinée par l’histoire, le Comité directeur de la Bible de Jérusalem (dont les frères de l’École Biblique de Jérusalem ont eu la charge depuis ses origines) reçut en 1951 un avertissement clairvoyant d’Albert Béguin :
« La conscience historique ne peut plus être éliminée de nos activités, mais si féconde soit-elle chez ceux qui en ont la maîtrise, elle détourne l’attention des autres vers d’assez stériles curiosités.
[…] Et pour la Bible c’est bien plus grave. Il est très bien d’en vouloir répandre la lecture, mais si c’est pour en faire un objet de divertissement supérieur […] On risque de l’habituer à rejeter à la distance historique ce qu’il faudrait précisément l’aider à resituer dans une présence constante. “Jésus en son temps”, comme dit l’autre ! C’est-à-dire Jésus contemporain d’Auguste et de Tibère.
Mais ce qu’il nous faut retrouver, c’est Jésus hic et nunc [ici et maintenant]. »
Albert Béguin, lettre adressée au Père Chifflot en réponse à une note en vue de l'édition manuelle de La Bible de Jérusalem qu'il lui avait envoyé, 6 septembre 1951.
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