Découvrez le miracle d’Élie chez la veuve de Sarepta ! Comment interpréter cet épisode ? Comment la veuve réagit-elle ?
Dans son tube Rise Up sorti en 2015, la chanteuse américaine Andra Day appelle à la résilience et au courage face aux épreuves — même quand tout semble perdu. Et c'est précisément ce qu'il se passe dans le Livre des Rois pour une veuve accablée de malheurs : après la famine, la mort vient frapper à sa porte...
Allez, découvrons tout ça dans le texte biblique !
Pourchassé par le roi Acab, Élie est envoyé par Dieu en région païenne et fait la rencontre d'une veuve. En pleine famine, celle-ci accepte de partager son dernier repas avec lui, sauf que miracle, sa cruche de farine ne désemplit pas !
Le fils de la femme maîtresse de la maison tomba malade et sa maladie fut très violente, au point qu’il ne resta plus en lui d’haleine. Elle dit à Élie :
— Qu’y a-t-il entre moi et toi, homme de Dieu ? Es-tu venu chez moi pour rappeler ma faute et mettre à mort mon fils ?
Il lui dit :
— Donne-moi ton fils.
Il le prit de son sein, le porta dans la chambre haute où il demeurait et le coucha sur son lit. Il cria vers YHWH et dit :
— YHWH, mon Dieu, aurais-tu encore fait tomber le malheur sur cette veuve chez laquelle je demeure, jusqu’à mettre à mort son fils ?
Et il s’étendit sur l’enfant trois fois, il cria vers YHWH et dit :
— YHWH, mon Dieu, que retourne, je t’en prie, l’âme de cet enfant au dedans de lui !
YHWH écouta la voix d’Élie, l’âme de l’enfant retourna au dedans de lui, et il revécut. Élie prit l’enfant, le descendit de la chambre haute dans la maison et le donna à sa mère. Élie dit :
— Vois ! Ton fils est vivant.
La femme dit à Élie :
— Maintenant je reconnais que tu es un homme de Dieu et la parole de YHWH dans ta bouche est vérité.
Si vous n'avez pas lu l'épisode précédent, on vous résume :
Tout va bien, fin de l'histoire ? Euh, pas vraiment non...
Nouveau rebondissement : après la famine survient la maladie — et la mort. Le fils de la veuve décède. Encore une fois, la mort rôde autour d’elle (car qui dit « veuve » dit mari décédé) !
« Elle dit à Élie : “Qu’y a-t-il entre moi et toi, homme de Dieu ? Es-tu venu chez moi pour rappeler ma faute et mettre à mort mon fils ?” » (1R 17,18)
Dans un premier temps, la veuve accuse Élie d’être la cause de son malheur. En fait, elle interprète le décès de son fils comme un châtiment divin : d'après elle, elle est punie par Dieu, par l’intermédiaire d’Élie.
Mais il n'en est rien, et Élie ne reste pas pantois les bras ballants. Il prend l’enfant mort et monte à l’étage. Il adopte d'ailleurs une attitude très paternelle et traite cet enfant comme le sien. Puis il cède à la tristesse et s’adresse à Dieu dans une prière tourmentée :
« Il crie vers YHWH et dit : “YHWH, mon Dieu, aurais-tu encore fait tomber le malheur sur cette veuve chez laquelle je demeure, jusqu’à mettre à mort son fils ?” » (1R 17, 20)
Dans son cri de douleur lancé vers Dieu, Élie fait aussi une demande… Autrement dit : il garde une foi tenace et supplie Dieu avec audace. Bref, il insiste, il insiste, le bon vieil Élie !
Élie demande carrément… le retour à la vie de cet enfant ! Mais il reste à sa place : il ne se substitue pas à la puissance de Dieu. Bref, c’est bien Dieu qui redonne la vie à cet enfant — et non Élie (contrairement à la sécheresse commandée un peu out of the blue) !
D’ailleurs, le texte biblique le montre bien : le style est très lourd et très répétitif… afin de montrer très clairement que Dieu entend la prière d'Élie !
Ce « retour à la vie » est inédit dans l’Ancien Testament. C’est même la première fois qu’a lieu un tel miracle !
Happy end : la veuve et son fils ont de quoi se nourrir jusqu’à la fin de la sécheresse et l’enfant vient de revenir d’entre les morts !
Cherry on the cake : à la fin de cet épisode, Élie n’est plus cet étranger qui s’est incrusté chez une veuve pour lui piquer les dernières miettes de son garde-manger… il est « un homme de Dieu ». La veuve de Sarepta a parcouru un sacré chemin pour poser un tel acte de foi !
« La femme dit à Élie : "Maintenant je reconnais que tu es un homme de Dieu et la parole de YHWH dans ta bouche est vérité." » (1R 17, 24)
Dans le tableau de Louise Hersent (ci-dessous), la lumière qui jaillit suggère l'action de Dieu qui passe par Élie et se dirige vers la veuve qui retrouve son fils vivant.
Un peu de théâtre pour terminer. Dans sa pièce La veuve de Sarepta, la dramaturge Félicité du Crest s'inspire de cette histoire et dépeint le point de vue d’Élie, très éprouvé dans sa mission de prophète.
LA VEUVE : Mon fils !
L'ENFANT (se jetant dans les bras de la veuve) : Ô ma mère !
LA VEUVE : Tu respires, je te vois, je te serre dans mes bras ! C'est toi ! C'est mon fils, et la santé brille sur son visage... Homme divin, je le reconnais, la parole du Seigneur est véritable dans ta bouche. Achève de dissiper mon erreur ! Quels hommages dois-je rendre au Dieu bienfaisant que tu sers ?
ÉLIE : L'hommage le plus digne que vous lui puissiez offrir, c'est la reconnaissance d'un cœur tel que le vôtre.
LA VEUVE : Et vous, soyez toujours mon génie tutélaire...
ÉLIE : Je ne suis qu'un simple mortel. Persécuté par un roi barbare, par une reine impie, j'ai fui dans les déserts. Dieu m'ordonna de venir dans ces lieux ; sa main puissante me conduisait auprès de vous. Il a voulu qu'Élie eût la gloire d'arracher à l'erreur un cœur fait pour chérir la vérité. Les crimes de l'orgueilleuse Jésabel ont armé sa justice redoutable ; mais en punissant les méchants, il sait aussi protéger, récompenser l'innocence et la vertu. Il vous rend votre fils, il redonne à cet enfant chéri la force et la santé. Dès ce moment vous ne souffrirez plus des terribles fléaux dont gémit votre patrie. Ces vases qui ne contenaient qu'un faible reste de farine et d'huile, conservés pour votre fils, et que m'offrit votre main généreuse, sont maintenant remplis ; tant que durera la famine, ils fourniront à la subsistance de votre fils, à la vôtre, à celle de tous les infortunés qui viendront vous implorer.
Félicité du Crest (1746-1830), La Veuve de Sarepta ou l'Hospitalité récompensée, Scène VI, 1824
Elie accomplit deux miracles : d’abord, il empêche la cruche de farine et la jarre d’huile de se vider pendant toute la famine ; ensuite, il redonne vie au fils de la veuve, que la maladie avait emporté. Ce deuxième miracle est le premier retour à la vie raconté dans toute la Bible !
Élie prie Dieu avec ferveur et s’étend trois fois sur l’enfant en criant : « YHWH, mon Dieu, que retourne l’âme de cet enfant au-dedans de lui ! » Dieu écoute sa prière et l’enfant revit. C’est un geste d’amour et de foi plus fort que la mort.
Ce miracle révèle que Dieu écoute la prière des justes et soutient les plus faibles. Il montre que la vie et la miséricorde ont le dernier mot — même quand tout semble perdu. C’est aussi une préfiguration du Christ, qui redonnera la vie par sa propre parole.
La veuve de Sarepta est une femme étrangère vivant à Sarepta, au Liban actuel. En pleine famine, elle accueille le prophète Élie et partage avec lui son dernier repas. Grâce à sa foi et à sa générosité, Dieu multiplie sa farine et son huile : un premier miracle qui sauve sa famille de la faim.
D’abord bouleversée par la mort de son fils, la veuve finit par dire :
« Maintenant je reconnais que tu es un homme de Dieu et que la parole du Seigneur dans ta bouche est vérité. »
Elle passe du doute à la foi — un parcours de conversion bouleversant.
Parce que la chanson Rise Up célèbre la renaissance et la force intérieure face à l’adversité. Exactement ce que vit la veuve de Sarepta ! Une manière de montrer que la Bible et la culture pop se répondent, jusque dans leurs appels à “se relever”.