Sur le papier, Jésus rencontre une Samaritaine, c'est tout. Mais quels sont les précédents historiques entre juifs et Samaritains ? En quoi l'attitude de Jésus est-elle inattendue ?
Quand la grande Aretha Franklin chante qu'à tout moment, en tout lieu, elle dit une petite prière pour son bien-aimé, elle applique en fait le conseil du Christ à la Samaritaine ! Allez écouter ce petit bijou !
On a volontairement découpé l’Évangile en petits morceaux pour attirer votre attention sur un point précis.
Verset 5 à 7 :
Il arrive alors dans une ville de Samarie appelée Sychar, proche de la terre que Jacob avait donnée à son fils Joseph : c’était là que se trouvait la source de Jacob. Épuisé par la fatigue de la marche, Jésus s’était assis simplement sur le puits : c’était environ la sixième heure. Or voilà qu’une femme de Samarie vient puiser de l’eau. Jésus lui dit :
– Donne-moi à boire.
Verset 9 :
La samaritaine lui dit :
– Comment oses-tu, toi qui es juif, me demander de l’eau puisque je suis samaritaine?
Les juifs en effet évitent tout contact avec les samaritains.
Verset 19 à 23 :
La femme lui dit :
– […] Nos pères, c’est sur ce mont qu’ils ont adoré ; mais vous, vous prétendez que le lieu où il faut adorer se trouve à Jérusalem.
Jésus lui répond :
– Crois-moi : l’heure approche, femme, où ce n’est ni sur ce mont, ni à Jérusalem, que vous adorerez le Père. Vous adorez, vous, ce que vous ignorez, nous adorons, nous, ce que nous connaissons, car le salut vient des Juifs. Mais l’heure approche, la voici, maintenant, où les véritables adorateurs adoreront le Père en esprit et vérité. Le Père, en fait, recherche de tels adorateurs.
Clairement, le texte de l’Évangile rend compte d’un contentieux féroce entre les Samaritains et les Juifs…
De quoi s’agit-il au juste ?
Sous Saül, David et Salomon, selon la Bible, il existait un royaume uni qui connut ensuite une division. Samarie était la capitale du Royaume d'Israël, tandis que Jérusalem était la capitale du Royaume de Juda : on appelait leurs habitants respectifs Samaritains et Judéens (c'est-à-dire Juifs).
L’un des privilèges revendiqués par Jérusalem est d’être le seul lieu où l’on peut pratiquer la liturgie du Temple. C’est le Sanctuaire avec un grand S.
Or, Samarie a la même prétention pour sa montagne sainte, le mont Garizim. Et, malgré sa chute et sa perte d’importance au cours de l’histoire, les Samaritains pensent qu'ils possèdent toujours le seul et vrai sanctuaire.
C’est ce que signifie cette femme quand elle déclare à Jésus :
« Nos pères, c'est sur ce mont qu'ils ont adoré ; mais vous, vous prétendez que le lieu où il faut adorer se trouve à Jérusalem. »
Jusqu’à aujourd’hui, les « Samaritains » continuent à célébrer la liturgie sur le Mont Garizim lors de la fête de la Pâque.
C’est d’ailleurs un témoignage potentiellement intéressant, de ce que pouvait être la liturgie du Temple de Jérusalem : une vraie boucherie. 🔪
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« Crois-moi : l’heure approche, femme, où ce n’est ni sur ce mont, ni à Jérusalem, que vous adorerez le Père. […] Mais l’heure approche, la voici, maintenant, où les véritables adorateurs adoreront le Père en esprit et vérité. Le Père, en fait, recherche de tels adorateurs. »
Cette réponse de Jésus à la Samaritaine indique un gros bouleversement : la véritable adoration ne dépend pas d’un lieu géographique, mais d’une disposition intérieure.
Le Christ ne méprise pas le caractère sacré de la liturgie du Temple qu’il connaît bien pour l’avoir vécue toute sa vie.
Les rites ne lui sont pas étrangers et il ne manque pas de venir à Jérusalem pour chaque fête. Mais il indique que le culte va bientôt se faire en tout lieu. Cela a deux conséquences majeures :
Jésus, dans le même Évangile, a déjà abordé ce thème:
« Détruisez ce Temple et je le relèverai en trois jours. » (Évangile selon saint Jean, chapitre 2, verset 19)
Le Christ indiquait que le Temple parfait, c'est son corps, et que le culte ultime, c'est son propre sacrifice.
Toutes ces considérations nous ont mené vers cette admirable prière de la liturgie syriaque qui remet les choses à leur place :
« La toute-puissance de Dieu aurait pu s'élever une demeure aussi aisément que, d'un geste, elle a donné l'existence à l'univers.
Mais Dieu a bâti l'homme afin que l'homme bâtisse des demeures pour lui. Bénie soit sa clémence qui nous a tant aimés ! Il est infini ; nous sommes limités. Il construit pour nous le monde ; nous lui construisons une maison.
Il est admirable que l'homme puisse bâtir une demeure à la Toute-puissance
partout présente, à qui rien ne saurait échapper. »
Prière de l’évêque Balaï (Vème siècle) pour la dédicace d'une église dans Prières des premiers chrétiens, Desclée de Brouwer, Paris, 1981
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