Comment Jésus calme-t-il la tempête ? En quoi l'autorité du Christ est-elle un manière de pointer sa nature divine ? Comment le texte biblique interroge-t-il le lecteur ?
Chez PRIXM, on a l’habitude de vous parler de Kanye West, de ses délires parfois, mais surtout de l’inspiration biblique qui scande ses textes.
Dans son magnifique album, Jesus is King, sorti en 2019 (on vous en avait notamment parlé à propos de son sublimissime titre « Selah » et son lien avec les Psaumes), le dernier titre est intitulé Jesus Is Lord.
Et dans Jesus is Lord, le rappeur américain reprend à son compte les paroles de saint Paul dans la lettre aux Philippiens (Phi 2,10-11).
Avec une densité exceptionnelle (49 secondes pour ce titre conclusif de son album) et une mélodie plus lente et posée que ses habituels punchs ultra-rapides, Kanye chante : Every knee shall bow, Every tongue confess : Jesus is Lord. Jesus is Lord. En français : « Tout genou fléchira, Toute langue confessera : Jésus est le Seigneur. Jésus est le Seigneur. »
Et en fait, cette hymne est parfaite pour introduire le thème qu’on aborde aujourd'hui : l’autorité de Jésus ! Parce que dire que « Jesus is Lord », c’est reconnaître sa nature divine. Et précisément, cette divinité de Jésus se manifeste tout particulièrement dans l’autorité qu’il a et que ses contemporains lui reconnaissent.
*Avant les prises de position nauséabondes de Kanye West, qui ont provoqué chez nous autant de tristesse que de colère, on appréciait et même on admirait une partie de son œuvre qui était totalement dénuée des déclarations que nous découvrons ces derniers temps. Nous avions donc analysé ses œuvres que nous continuons à interpréter, tout en dénonçant ses propos insupportables.
Au cours d'une tempête, Jésus dort. L'inquiétude amène les disciples à le réveiller. Jésus calme alors la tempête, rappelant son autorité en tant que Créateur.
Ce jour-là, le soir venu, il leur dit :
— Passons sur l’autre rive.
Et laissant la foule, ils l’emmenèrent, comme il était, dans une barque ; et il y avait d’autres barques avec lui. Survient alors une grande tempête de vent, et les vagues se jetaient dans la barque, de sorte que la barque se remplissait déjà. Et lui était à la poupe, dormant sur le coussin. Et ils le réveillent et lui disent :
— Maître, cela ne fait rien que nous périssions ?
Et, s’étant réveillé, il menaça le vent et dit à la mer :
— Silence, tais-toi !
Et le vent cessa et il se fit un grand calme. Puis il leur dit :
— Pourquoi êtes-vous aussi craintifs ? Comment n’avez-vous pas de foi ?
Et ils craignirent d’une grande crainte et ils se disaient les uns aux autres :
— Qui est-il donc celui-là, que même le vent et la mer lui obéissent ?
Dans un autre article à partir de ce même texte biblique, nous évoquions le travail archéologique mené pour attester cet épisode : il y avait bien des pêcheurs sur la mer de Galilée. Autrement dit : il y avait effectivement une grande activité halieutique (mot très classe pour dire "activité de pêche") à l'époque de Jésus en mer de Galilée.
Mais ce qui nous préoccupe aujourd'hui, c’est ce que suggère la réaction des disciples lors du dernier verset de ce passage (Mc 4, 41) :
« Qui est-il donc celui-là, que même le vent et la mer lui obéissent ? »
Or, en paroles et en actes, le ministère de Jésus est une démonstration de son autorité, qui pointe vers son identité divine.
Avec ce constat en point de départ, on s’est dit, en relisant ce passage biblique où Jésus calme la mer et le vent, que la question de l’autorité de Jésus était une vraie belle occasion de montrer en quoi, par cette autorité, Jésus dévoile et esquisse son identité divine.
Cet extrait de l'Evangile selon saint Marc dévoile une scène inattendue. Le décalage entre le calme du Christ et l'inquiétude des disciples est évident :
Dans le miracle du texte biblique d’aujourd'hui, la parole du Christ est efficace, même à l'égard de la nature. Et ça, pour le coup, c'est étonnant :
Et, s’étant réveillé, il menaça le vent et dit à la mer :
— Silence, tais-toi !
Et le vent cessa et il se fit un grand calme.
« Qui donc est celui-ci, que même le vent et la mer lui obéissent ? » (Mc 4,41).
En fait, la question finale posée par les disciples concerne l'identité de Jésus. La réponse n'y est pas donnée explicitement dans le texte. Pourtant, le texte fait travailler le lecteur et l'oblige à s'interroger.
Dans la Bible, un homme ne peut calmer une tempête. Seul Dieu le peut, comme le disent les Psaumes :
Tu apaises le fracas des mers, la fureur de leurs flots et le tumulte des peuples (Ps 65, 8).
Il changea l’ouragan en brise légère et les vagues de la mer se turent (Ps 107, 29).
Il s'agit ainsi d'amener les apôtres et le lecteur à découvrir que Jésus est Dieu. Cela signifie donc que Jésus commande au vent et à la mer avec l’autorité et la puissance du Créateur.
L’autorité du Christ est un élément de révélation de son identité divine. Mais, comme l’exprime le grand théologien suisse Hans Urs von Balthasar en songeant au lavement des pieds, l’autorité du Christ est toujours une autorité de service :
« [Remarquons] la compénétration constante entre maître et serviteur chez le Christ : la manière dont il règne souverainement en tant que serviteur, dont il sert humblement en tant que maître.
Et, pour cette raison, il n’a rien d’un maître ni d’un serviteur. En servant, il ne permet jamais qu’on oublie qu’il est le maître (ainsi au lavement des pieds), et, en tant que maître, qu’il n’est là que pour servir. »
Hans Urs von Balthasar, Retour au centre, Paris, Desclée de Brouwer, 1998
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